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pagne n’avaient pas échangé une parole depuis environ un quart d’heure, lorsque le jeune homme s’écria tout à coup, impatienté de la durée du chemin :

— Ah çà ! mais où me conduisez-vous donc ?

— Chez moi.

— Chez vous ? Est-ce loin encore ?

— Vous ennuyez-vous en ma compagnie ?

— Non pas, mais il est permis de trouver la route longue… quand on va au bonheur. Au fait, qui êtes-vous ?

— La nourrice de la señora Antonia.

— Antonia ! fit André.

La plus charmante créole,
Par tous les saints du paradis !…

— Ah ! vous savez la sérénade…

— Elle court les rues de la Havane.

Ils tournèrent tout à coup un coude de chemin, et André aperçut à quelques pas devant lui une maison badigeonnée de bleu comme le sont la plupart des maisons de la Havane. Une allée d’orangers y conduisait, et des lauriers en fleurs dessinaient un demi-cercle dans une cour sombre.

— C’est ici ! dit la nourrice en ouvrant une petite porte.

Le cœur d’André battait avec violence. Il était tout autant intrigué du mystère que du côté galant de l’aventure. Il suivit la nourrice après s’être assuré que son poignard était bien à sa place et ses pistolets faciles à jouer.

José, toujours en se traînant avec précaution, était arrivé jusqu’à quelques pas de la maison dont il vit André et sa compagne franchir la porte.

Il s’assura le moyen d’escalader les fenêtres pour s’introduire dans l’intérieur, au cas où le bruit de quelque lutte