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saurai bien à qui je dois mon salut. Ce mystère devient intéressant à approfondir.

Rentré chez lui, André trouva José qui l’attendait fort inquiet. Il raconta son aventure au mayoral. L’Indien promit de se mettre en campagne dès le lendemain ; mais toutes les informations qu’ils purent prendre à eux deux restèrent sans résultat.

Le mur qu’André avait parfaitement reconnu, appartenait au jardin de l’hôtel du comte de Peñalver ; mais Son Excellence était absente de la Havane depuis plus d’un mois ; il n’y avait pas un domestique chez lui, la maison était déserte. Les habitations contiguës n’offraient nullement l’aspect riche et somptueux des appartements où avait été reçu le jeune officier. Partout ailleurs, ce n’eût pas été peut-être une raison ; mais à la Havane il n’y a pas à s’y tromper : telle façade, tel intérieur. Le luxe est aussi bien dehors que dedans, et plus souvent même dehors que dedans. Venait, beaucoup plus loin, l’hôtel du marquis Daguilla. On interrogea les domestiques, mais personne ne savait ce que signifiaient ces questions ; on n’avait donné l’hospitalité à qui que ce soit au monde la veille au soir.

Il est vrai de dire que la discrétion des domestiques auxquels José s’adressa était sincère, attendu qu’au moment où le cortége du nègre fustigé avait traversé la rue, toute la maison était partie à la suite, comme une volée d’oiseaux à qui on ouvre la porte de la cage. Personne donc, sauf les trois femmes que nous avons vues autour du blessé, n’avait, soupçonné la présence d’André dans la maison.

À plus forte raison, fut-on autorisé dans les hôtels voisins à nier le fait.

Un moment, André songea à crier si haut son aventure par-dessus tous les toits de la Havane que le mystère,