Page:Eyma, Les peaux noires, Lévy, 1857.djvu/218

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

officier une haute idée du luxe de la ville où il venait de faire son entrée.

D’ailleurs, il allait de surprise en surprise, frappé par le spectacle de ces grandioses hôtels aux façades de marbre qui faisaient la haie sur son chemin, par la profusion des monuments, des jardins resplendissants, des boutiques élégantes, des cafés ruisselants d’or. — C’était déjà splendide au temps où André arriva à la Havane ; aujourd’hui, cela a doublé en magnificence. — Même pour un homme habitué aux élégants raffinements de la vie de Paris, il y avait de quoi avoir des éblouissements à retrouver tant de luxe à deux mille lieues de la France.

Mais de l’admiration où il était, André passa bien vite à la stupéfaction. Au détour d’une rue, il avait entendu son mayoral crier au postillon :

A la derecha (à droite) !

La voiture avait tourné l’angle de la rue, puis avait continué sa route sur le mot de « segua » que lui avait lancé aussitôt le mayoral, qui bientôt commanda :

A la izquierda (à gauche), y segua (et marche) !

Et le postillon avait pris à gauche et avait galopé en avant.

Comme ces différents commandements s’étaient déjà renouvelés plusieurs fois depuis le départ, André se pencha en avant, et demanda à son homme :

— Ah çà ! ce calesero ne connaît donc pas les rues de la Havane ?

— Pourquoi cette question, Excellence ?

— À cause des ordres, que vous êtes obligé de lui transmettre à tout instant.

— Ce n’est pas une raison, Excellence. Il est possible que ce postillon ne connaisse pas les rues de la ville, cela est même probable ; mais les connût-il, qu’il serait indis-