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II


En 1831, M. André de Laverdant venait d’arriver à Cuba, où il était né et où il possédait, du chef de sa famille, de grandes propriétés dans la province de Santiago. M. de Laverdant père avait fait partie de cette émigration de colons français qui, chassés de Saint-Domingue lors de la sanglante insurrection des nègres, étaient venus chercher un asile dans la partie orientale de Cuba, qu’ils ont enrichie et peuplée de leur travail. M. de Laverdant avait été un des premiers à défricher les forêts immenses que le gouvernement espagnol livra à cette émigration ruinée, mais industrieuse. Il commençait à jouir en paix des fruits de ses peines et de son intelligence, lorsque, au moment de l’invasion de l’Espagne par l’empereur Napoléon, on s’imagina que les colons français réfugiés à Cuba avaient reçu les instructions nécessaires pour soulever la colonie et s’en emparer au profit de la France.

Cette calomnie trouva crédit et eut pour résultat l’expulsion de l’île de tous les anciens colons de Saint-Domingue, à peine remis des violentes émotions qu’ils avaient éprouvées sur le sol de leur pays natal.