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I


Voici un des épisodes de la vie des esclaves qui fait, à coup sûr, le plus d’honneur à la race noire, en même temps qu’il est un témoignage éclatant en faveur des blancs.

Un habitant d’une des communes de la colonie, M. V…, quoique riche en apparence, et possédant deux belles plantations de cannes à sucre et un important atelier d’esclaves sur chacune d’elles, était au contraire, comme le sont beaucoup de propriétaires des Antilles, dans une position embarrassée. Il avait des dettes nombreuses, des engagements considérables auxquels il parvenait à faire face, grâce à une activité surprenante et à des privations cruelles quelquefois.

Il ne s’agissait pas seulement pour lui de satisfaire ses créanciers, mais il avait de plus la charge de quatre cents esclaves qu’il lui fallait nourrir, habiller, soigner en cas de maladie. C’était là un souci qui passait bien avant les soucis de sa propre famille.

Le plus souvent sa table était modestement servie des plats les plus vulgaires ; ses filles, jeunes, belles et fraîches