Page:Eyma, Les peaux noires, Lévy, 1857.djvu/104

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un mystère étrange ou effroyable. Il faut, il faut, entendez-vous, que vous me le révéliez, à l’instant même, Cette histoire de mademoiselle de Jansseigne, je me la rappelle vaguement, c’est un souvenir d’enfance. Ne fut-elle pas séduite par un monsieur de Nozières, que la guette appela à mourir sur le pont de son navire, et qui ne put ainsi réparer l’outrage dont il accabla une famille ? N’est-ce pas cela ?

— C’est du moins la fable, Monsieur.

— La vérité, quelle est-elle donc, alors ?

— Ne me la demandez pas, et partez sans revoir Madeleine.

— Vous parlerez, s’écria Firmin en saisissant Jérémie si vigoureusement par le bras, que le vieux mulâtre poussa un cri horrible et tomba à genoux.

À ce cri, Madeleine était accourue en hâte ; son regard étonné se promena de Firmin, pâle de colère, à Jérémie, tremblant, et dont le visage décomposé trahissait à la fois la honte et la terreur.

— Retirez-vous, Madeleine, dit Firmin à la jeune fille avec un ton suppliant ; en même temps il tendit la main au mulâtre pour l’aider à se relever. Vous voyez bien, reprit-il, que je ne lui veux point de mal ; retirez-vous donc, et laissez-moi causer seul avec Jérémie : nous allons nous entendre à merveille à présent.

Comme Madeleine, muette et glacée d’effroi, hésitait :

— Laisse-nous seuls, murmura Jérémie.