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PREFACE.

la sagesse ; le Philosophe la morale la plus pure ; le Chymiste les secrets les plus importans de son art : enfin chacun a regardé la Fable comme un Pays de conquête, où il a cru avoir droit de faire des irruptions conformes à ses intérêts.

Ce n’est pas-là le jugement qu'ont porté des Fables les anciens Peres de l’Eglise, Origene, Lactancc, Arnobe, saint Augustin ; ils ont prouvé aux Philosophes Païens qui avoient intérêt de donner à leurs Fables des sens allégoriques pour en diminuer les absurditez, qu'elles n'étoient dans leur origine que d'anciennes Histoires défigurées par la licence desPoetes ; que ceux-ci n'en avoient pas inventé le fond, qu'ils n'avoient fait que l'embellir. Les Savans du premier ordre, Bochart, Vossius, Heinsius, M. le Clerc, le Pere Tournemine, & tant d'autres, ont porté le même jugement des Fables, que les Peres de l’Eglise ; ils les ont regardées