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Or celuy-là peche veniellement en la penſée du peché mortel, qui s’y arreſte un peu, comme en l’écoutant ; ou qui y prend quelque petit plaiſir du ſens, ou qui eſt negligent à le rejetter.

Mais le peché mortel ſe commet en deux façons, par penſée ; 1. Lors qu’en quelque maniere que ce ſoit on preſte conſentement à la penſée du peché : C’eſt à dire, qu’on s’y arreſte avec pleine déliberation. 2. Lors qu’on accomplit le peché par œuvre : en quoy l’on peche plus griévement pour trois raiſons ; Sçavoir, a cauſe qu’on s’y entretient plus long temps ; que l’action en eſt plus vehemente, & qu’on nuit aux autres par le ſcandale & par le dommage qu’on leur apporte.


De la Parole.


Il y a auſſi pluſieurs façons d’offenſer Dieu en parole, par exemple en blaſphemant & en jurant. Car il ne faut point du tout jurer, ny par le Createur, ny par aucune creature, ſinon avec trois conditions, verité, neceſſité, & reverence. Or il ne faut pas entendre par cette neceſſité, l’obligation qu’on a d’affirmer toute ſorte de verité ; mais ſeulement celle qui concerne un bien conſiderable ſpirituel, corporel, ou meſme temporel. Nous appellons auſſi reverence, lors que celuy qui profere le nom de Dieu, à ſoin de rendre à nôtre Createur & Seigneur, l’honneur qui luy eſt dû.

Mais il faut ſçavoir, qu’encore que le jurement