Page:Ewan - Les hommes du jour Edward Blake, 1891.djvu/11

Cette page a été validée par deux contributeurs.

jusqu’à ce que, dans ces derniers temps, les avertissements d’une santé affaiblie lui eurent démontré que la vertu même peut conduire à l’excès. Sans vouloir anticiper sur l’histoire de sa vie, nous pouvons dire que, à l’époque où M. Blake débutait au barreau, aussi bien que plus tard, lorsque les fatigues de la vie publique vinrent grossir les heures, déjà si bien remplies, de son existence, le travail auquel il se livrait était tout simplement herculéen, si toutefois cette expression peut s’appliquer aux efforts de l’intelligence. Nous allions oublier de dire qu’il avait obtenu ses degrés avec grande distinction au cours classique de « University College » de Toronto ; après quoi, la profession de son père lui ayant toujours souri, il se mit à étudier le droit avec cette ardeur et cette énergie qui devaient en faire l’un des maîtres du barreau de sa province.

Edward Blake n’a pas trouvé la fortune à son berceau. Il était bien le fils du chancelier, mais il avait à faire son chemin avec ses propres talents. De vieux avocats se rappellent encore le temps où Edward Blake et son frère Samuel avaient leur bureau dans ce qu’on appelait alors les « Wellington Chambers, » au coin nord-est des rues Jordan et Melinda, à Toronto. Et ils vous diront volontiers que l’ameublement et les traitements des clercs étaient loin d’indiquer que ces deux jeunes hommes de talent, qui devaient plus tard s’illustrer dans la politique et au barreau, voguassent alors sur les flots du Pactole. On n’y voyait pas moins quantité de livres de droit que les frères associés dévoraient, en se les assimilant, pour le plus grand bien de leur future clientèle qui, du reste, ne devait pas tarder à venir. Leur étude prit vite de l’importance, et les deux frères durent s’associer d’autres hommes de talent dont ils surent toujours rester les chefs.

En 1858, M. Blake épousait Mlle  Marguerite Cronyn, fille de feu le Très Révérend Benjamin Cronyn, évêque du diocèse de Huron. Ce nom attire l’attention sur la question d’hérédité, sujet plein d’intérêt pour les étudiants en droit. La famille de M. Blake est connue sous le nom de Blake de Cashelgrove, comté de Galway, en Irlande, et était alliée par mariage, dans les temps reculés, avec la noblesse de cette île. L’un de ses ancêtres, Dominique-Edward Blake, épousait, il y a plus de 130 ans, une fille de Lord Nesterville, de Drogheda. À la mort de sa première femme, ce Dominique-