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foncer plus avant, et soudain le spasme aigu d’une volupté inouïe nous saisit tous les deux, pendant que nos bouches murmuraient.

— Oh mon Frédéric !
— Oh mon Eveline !

Lorsque nous revînmes à nous, l’heure avait marché, nous avions juste le temps de procéder à une toilette hâtive.

Je lui fis mettre des culottes blanches, des bas de soie blancs, de légers escarpins, un gilet de soie blanc et son habit bleu. Lorsque nous arrivâmes au théâtre, les numéros étaient tirés, et la première personne qui tira avec lui était un officier de dragons qu’il boutonna à chaque coup. La jeunesse et la beauté de mon frère attiraient tous les regards ; tous les yeux étaient fixés sur lui, surtout au moment où le sort désigna le comte de Bondy comme son second partenaire.

— Je n’ai jamais tiré avec un si jeune adversaire, fit observer le comte.

— J’essayerai de mériter l’honneur que vous me faites, Monsieur le comte, répondit Frédéric.

Ils se mirent en garde, et rapidement l’action s’engagea ; peu à peu de Bondy, la première lame de France, sentant le jeu serré de son adversaire, perdit son sang froid, Frédéric conservait son calme et dans un dégagé, toucha de Bondy qui loyalement lui dit :

— Jeune homme, vous êtes le premier qui avez vaincu de Bondy.