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qu’il ne dépendait que de moi, d’ajouter à mon nom d’Eveline le titre de princesse, duchesse, maréchale, marquise etc. Ces titres cependant ne flattaient pas mon ambition, ou peut-être ne la satisfaisaient pas, et je continuai à rester simplement Eveline C… en dépit de Monsieur le Prince et de Monsieur le Duc.

Cette vie tranquille, convenait mal à mon tempérament ardent, et je commençai à sentir les effets d’une longue abstinence de voluptés sensuelles, presque nécessaires à mon existence. Mon sang coulait chaud et bouillant dans mes veines ; le toucher d’un homme m’électrisait, et produisait une sensation brûlante entre mes cuisses et dans ma poitrine.

J’avais des maux de tête, des vertiges et ayant vu par hasard des animaux s’accoupler devant moi, je m’évanouis presque ; je devins pâle et languissante, je faisais toutes les nuits des rêves libidineux, et mes pensées étaient continuellement sur les moyens de satisfaire mes penchants, sans faire souffrir ma réputation, et sans m’exposer à la trahison d’un domestique.

Je pensai d’abord à admettre quelques uns de mes amoureux, dans le secret de mes amusements, mais leur caractère léger et frivole, me fit craindre d’être bientôt le sujet de leur vantardise triomphante.

Je ne connaissais pas assez nos serviteurs pour les admettre dans mon intimité, et je devenais de plus en plus nerveuse, lorsque mon père voulut absolument appeler un médecin.