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environs de la principale porte d’entrée. Nous eûmes la fatuité de penser que tout ce monde se trouvait là réuni pour nous voir passer : il n’en était rien pourtant. Au moment où nous allions entrer dans la cité, un brillant cortège, suivi d’une foule immense, se présenta de l’autre côté, et nous dûmes nous arrêter pour lui laisser le passage libre. Le principal personnage de ce cortège était un mandarin militaire, d’un âge assez avancé, et qui portait les insignes de tou-sse, grade assez important dans l’armée chinoise. Il était monté sur un cheval richement enharnaché, et entouré d’un grand nombre d’officiers militaires d’un rang inférieur. Aussitôt que le cortège eut traversé la porte, il s’arrêta tout près de nos palanquins, et la foule se groupa avec empressement, en faisant retentir les airs de vives acclamations. Deux vieillards à noble figure, magnifiquement vêtus et chacun portant à la main une botte en satin, s’approchèrent du tou-sse ; ils fléchirent le genou, ôtèrent respectueusement les bottes que portait le cavalier, et lui en mirent une paire de neuves. Pendant cette cérémonie, tout le peuple était prosterné. Deux jeunes gens prirent les bottes que le mandarin venait de quitter, les suspendirent à la voûte de la porte de la ville, et le cortège continua sa route, accompagné d’une nombreuse multitude qui faisait entendre des cris de douleur et des lamentations. Nos palanquins se remirent aussi en chemin, et nous entrâmes dans Han-tchouan. Les rues étaient encombrées de monde ; mais à peine daignait-on honorer d’un regard le passage de deux diables occidentaux, tant on était préoccupé de ce qui venait d’avoir lieu en dehors des remparts.