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que doit entraîner après soi un pareil établissement ; car, après tout, aux dépens de qui seront entretenus tant d’hommes préposés pour le soutenir ? Sera-ce aux frais de l’État, du peuple ou des cultivateurs ? De quelque manière que ce puisse être, je demande où est en cela l’avantage du peuple ou de l’État.

« Il y a longtemps, dit-on, que l’usage d’avancer ou de prêter les grains est introduit dans la province du Chen-si, et l’on n’a vu arriver aucun de ces inconvénients. Il paraît, au contraire, que le peuple y trouve ses avantages, puisqu’il n’a formé jusqu’ici aucune plainte, puisqu’il n’a point encore demandé qu’il fût abrogé.

« Je n’ai qu’une réponse à faire à cela. Je suis natif du Chen-si ; j’y ai passé les premières années de ma vie, et j’y ai vu de près les misères du peuple ; j’ose assurer que de dix parties des maux qu’il souffre, il en attribue au moins six à un usage contre lequel il murmure sans cesse. Qu’on interroge, qu’on fasse des informations sincères, si l’on veut savoir le véritable état des choses[1]. »

À la suite de Sse-ma-kouang, on vit, disent les annales de cette époque, tous les personnages les plus distingués de l’empire, par leur esprit, leur expérience, leur capacité, leurs talents, et même par leurs dignités et leurs titres, se présenter alternativement pour entrer en lice, prier, supplier ; puis, changeant de style et de ton, se porter pour accusateurs, et poursuivre la condamnation

  1. Mémoires sur la Chine, t. X, p. 48.