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de l’espèce de denrée qu’on devait leur confier, et ils en faisaient les avances jusqu’au temps de la récolte. Il est évident, disaient les partisans des nouveaux règlements, que, par ce moyen, l’abondance et le bien-être régneront dans tout l’empire. Les seuls qui auront à souffrir du nouvel ordre de choses, ce sont les usuriers, les accapareurs, qui ne manquent jamais de profiter des disettes et des calamités publiques pour s’enrichir et ruiner les travailleurs. Mais quel grand malheur y a-t-il à ce qu’on mette enfin un terme aux exactions de ces ennemis du peuple ? La justice ne demande-t-elle pas qu’on les force de restituer le bien mal acquis ? L’État sera le seul créancier possible, et il ne demandera jamais d’usure. Comme il s’occupera de la culture des terres, et qu’il sera, de plus, chargé de fixer journellement le prix des denrées, il y aura toujours certitude de jouir d’une abondance proportionnelle à la récolte. En cas de disette sur un point, le grand tribunal agricole de Péking, que les tribunaux des provinces tiendront toujours au courant des diverses récoltes de l’empire, pourra facilement rétablir l’équilibre, en faisant transporter dans les contrées plus pauvres la surabondance des provinces les plus riches. Par cette combinaison, les subsistances se maintiendront toujours à un prix très-modique ; il n’y aura plus de nécessiteux, et l’État, unique spéculateur de l’empire, pourra réaliser tous les ans des profits énormes, qu’on ne manquera pas de dépenser en travaux d’utilité publique. Cette réforme radicale devait nécessairement entraîner l’écroulement des grandes fortunes et amener un nivellement universel ; or, c’était précisément le but que poursuivait l’école de Wang-ngan-ché.