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de l’industrie, de l’agriculture même, étaient abandonnés pour les agitations de la polémique. La nation était divisée en deux partis acharnés l’un contre l’autre ; des pamphlets, des libelles, des écrits de tout genre étaient lancés tous les jours avec profusion à la multitude, qui les dévorait avec avidité. Les placards jouaient surtout un grand rôle, et, quoique nous ayons fait preuve, depuis peu, d’une certaine aptitude en ce genre d’influence, il faut convenir que nous sommes encore bien loin d’avoir acquis l’habileté des Chinois.

Le chef du parti socialiste ou réformateur était le fameux Wang-ngan-ché, homme d’un talent remarquable, qui sut tenir en haleine toutes les classes de l’empire sous le règne de plusieurs empereurs. Les historiens chinois disent qu’il avait reçu de la nature un esprit bien au-dessus du commun, que la culture et l’éducation achevèrent de perfectionner. Il étudia, pendant tout le temps de sa jeunesse, avec une ardeur et une application qui furent couronnées des plus grands succès, et il fut nommé avec distinction parmi ceux qui reçurent le grade de docteur en même temps que lui. Il parlait éloquemment et avec grâce ; il avait le talent de faire valoir tout ce qu’il disait, et de donner aux petites choses un air d’importance qui en faisait de véritables affaires, quand il avait intérêt qu’on les envisageât comme telles. Du reste, il avait les mœurs réglées, et toute sa conduite extérieure était celle d’un sage ; telles étaient ses belles qualités. Pour ce qui est de ses défauts, on le représente comme un ambitieux et un fourbe qui croyait tous les moyens légitimes quand il pouvait les employer à son avantage ; comme un homme