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l’Asie, et les gouvernements n’y ressemblaient guère, il y a quarante siècles, à ce que nous voyons aujourd’hui ; on y donnait à l’empire le nom de Ciel ; le prince s’appelait Dieu et confiait à ses ministres le soin d’éclairer, de réchauffer, de fertiliser l’univers. Les titres donnés à ces ministres bienfaisants et les habits qu’ils portaient répondaient à de si nobles fonctions ; il y en avait un pour représenter le soleil, un second pour la lune, et ainsi pour les autres astres ; il y avait un intendant pour les montagnes, un autre pour les rivières, un troisième pour l’air, les forêts, etc. Une sorte d’autorité surnaturelle était attribuée à tous ces fonctionnaires. L’harmonie d’un si bel ordre de choses n’était guère troublée que par les comètes et les éclipses, qui semblaient annoncer à la terre une déviation dans la marche des corps célestes, et dont l’apparition, quand elle se renouvelle à la Chine, porte encore de rudes atteintes à la popularité d’un homme d’État. Un système tout semblable paraît avoir été établi très-anciennement en Perse ; mais, dans l’une et dans l’autre contrée, des événements tout terrestres ne tardèrent pas à dissiper ces brillantes fictions. Des guerres, des révoltes, des conquêtes, des partages, amenèrent l’établissement du gouvernement féodal, qui dura, dans l’Asie orientale, sept à huit cents ans, tel à peu près qu’il exista en Europe au moyen âge, et qui s’y reproduisit plus d’une fois par l’effet des causes qui l’avaient fait naître. La monarchie prévalut pourtant en général, et finit par obtenir un triomphe complet et définitif ; de sorte qu’il arriva à la Chine ce que l’on eût vu en Europe, si les rêves de ceux qui ont aspirée à la monarchie universelle se fussent réalisés,