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bizarres, ne donnent-elles pas l’idée d’une assez grande variété sur un point assez important ? Et que peut-il y avoir de fixe et d’arrêté dans la morale, les lois, les coutumes, quand on voit ainsi vaciller la base de toute morale, de toute législation et de la sociabilité même ? Au reste, ce n’est pas un seul peuple, une race unique, en Asie, qu’on aperçoit livrée à ces fluctuations intellectuelles ; tous les peuples, toutes les races, ont apporté leur contingent à ce vaste répertoire des folies de notre espèce, et, à l’empressement avec lequel on les voit successivement adoptées chez les nations qui ne leur avaient pas donné naissance, on dirait, contre l’opinion commune, que, chez ces hommes si obstinément attachés aux idées antiques, le besoin du changement l’emporte sur la force même de l’habitude et sur l’empire des préventions nationales, tellement, qu’un système nouveau est toujours bien venu près d’eux, pourvu qu’il soit en opposition avec le sens commun ; car les idées raisonnables ont des allures moins vives et des succès moins prompts ; elles ne séduisent d’abord que les bons esprits, et il faut ordinairement bien du temps pour qu’elles jouissent de la même faveur auprès de la multitude. »

Les Chinois, dont nous devons nous occuper ici particulièrement, n’ont pas été, parmi les peuples asiatiques, les moins remarquables par leurs nombreuses variations dans les idées religieuses. Dans l’antiquité, il paraît que la Chine, évitant un mal par un autre, se préserva longtemps de l’idolâtrie par l’indifférence ; cependant deux religions principales et quatre ou cinq