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car des hommes qui se laisseraient aller à la légèreté, sur toute autre chose, pourraient encore, à la rigueur, redouter le changement sur ces deux points ; mais les hommes sont hommes en Asie comme ailleurs, et l’inconstance, en des sujets graves, y a été, de tout temps, une maladie attachée à la condition humaine. Aussi trouvons-nous, dans les annales de cette partie du monde, des matériaux si abondants pour l’histoire des erreurs, des folies et des inconséquences, qu’il faut que nous nous sentions bien riches de notre propre fonds, pour négliger tant de leçons utiles et de belles expériences, qui, du moins, ne nous coûteraient pas une larme et pas un million.

« L’Asie est le domaine des fables, des rêveries sans objet, des imaginations fantastiques ; aussi quelles étonnantes variations, et, on peut le dire, quelle déplorable diversité n’observe-t-on pas dans la manière dont la raison humaine, privée de guide et livrée à ses seules inspirations, a tâché de satisfaire à ce premier besoin des sociétés antiques, la religion ! S’il est peu de vérités qui n’aient été enseignées en Asie, on peut dire, en revanche, qu’il est peu d’extravagances qui n’y aient été en honneur. La seule nomenclature des cultes qui tour à tour ont prévalu dans l’Orient attriste le bon sens et effraye l’imagination. L’idolâtrie des Sabéens, l’adoration du feu et des éléments, l’islamisme, le polythéisme des brahmes, celui des bouddhistes et des sectateurs du grand lama, le culte du ciel et des ancêtres, celui des esprits et des démons, et tant de sectes secondaires ou peu connues, enchérissant l’une sur l’autre en fait de dogmes insensés ou de pratiques