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de Nothasie et de Polynésie. Les Malais sont ils encore un peuple asiatique ? Les Moscovites sont ils déjà une nation européenne ? Existe-t-il autre chose que de légers points de contact entre un Arménien, un Tartare, un Indien, un Japonais ? Tous ces Orientaux diffèrent plus les uns des autres que ne diffère l’habitant de Westminster ou de Paris de celui de Madrid ou de Saint-Pétersbourg. Mais nous les mettons en commun, faute de connaître ce qui les distingue, comme nous avons de la peine à démêler, dans les figures des nègres, les traits qui, de loin, nous paraissent composer des physionomies identiques. Nous confondons ainsi les traits intellectuels, nous brouillons les physionomies morales, et, de ce mélange, il résulte un composé imaginaire, un véritable être de raison, qui ne ressemble à rien, qu’on exalte gratuitement, qu’on blâme à tout hasard ; on l’appelle un Asiatique, un Oriental, et cela dispense d’en savoir davantage ; faculté précieuse, avantage décisif, que les mots génériques assurent à ceux qui ne tiennent pas aux idées justes, et qui, pour juger, se soucient peu d’approfondir.

« Que si, au contraire, on voulait considérer ces objets d’un peu plus près, on serait surpris de la multitude de choses qu’on ne sait pas, et confondu de la prodigieuse diversité qu’on découvrirait, sous mille points de vue différents, chez des nations qu’on réunit ici dans une commune indifférence, ou, pour parler plus nettement, dans une ignorance universelle. Je ne parle pas de la variété des climats, ni de celle des