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erronées à ses compatriotes sur le compte des peuples des mers occidentales.

Un grand nombre d’ouvrages publiés en Europe, dans le but de faire connaître la Chine et les Chinois, ont été écrits à peu près de la même manière que celui dont nous venons de parler ; avec les données qu’ils renferment, il est très-difficile de se représenter la Chine telle qu’elle est réellement. On se forge un être d’imagination, un peuple fantastique qui n’existe nulle part. Outre ce préjugé capital au sujet de la prétendue unité de l’empire chinois, il en est encore plusieurs autres que nous nous permettrons de relever.

L’immutabilité des Orientaux, ou Asiatiques, est une de ces idées qu’on est habitué à retrouver partout, et qui n’est basée que sur l’ignorance profonde de l’histoire de ces peuples. S’il est une notion accréditée, dit M. Abel Rémusat, un fait reconnu, un point inébranlablement arrêté dans l’esprit des Européens, c’est l’asservissement des peuples d’Asie aux anciennes doctrines, aux usages primitifs, aux coutumes antiques, la constance de leurs habitudes, la fixité invariable de leurs lois, et même de leurs coutumes ; l’immutabilité de l’Orient a, pour ainsi dire, passé en proverbe, et cette opinion commode, entre autres avantages, a celui de rendre superflues les recherches sur un état ancien que reproduit si bien l’état moderne. Oserai-je, bravant d’abord la conviction générale, venir troubler la sécurité dont on jouit à cet égard, et présenter les Orientaux comme des hommes qui ont pu, suivant les époques, s’égarer en de nouvelles croyances, adopter des formes variées de gouvernement,