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Occident, il faut bien, coûte que coûte, recueillir une masse de notions, et révéler, s’il est possible, l’Europe à la Chine. Que dirait-on, s’il n’avait rien vu, rien appris, rien à raconter au public après un si long voyage ? Il écrit donc pendant une partie de la nuit, tantôt sous la dictée de son portefaix qu’il ne comprend pas, tantôt sous celle de son imagination qui lui offre bien plus de ressources.

Après quelques mois passés de la sorte au Havre, notre Chinois voyageur s’en retourne dans son pays natal, tout disposé à céder aux instances de ses nombreux amis, qui ne manqueront pas de le solliciter vivement de ne pas priver le public des utiles et précieux renseignements qu’il rapporte d’un pays inconnu, et qu’il vient, en quelque sorte, de découvrir. Il est incontestable que ce Chinois aura vu bien des choses auxquelles il ne s’attendait pas, et, pour peu qu’il soit lettré, il sera capable de rédiger, pour la gazette de Péking, un article très-intéressant sur le Havre ; mais si, non content de cela, saisissant son trop facile pinceau, il se met à faire des dissertations sur la France et la forme de son gouvernement, sur les attributions du sénat et du corps législatif, sur la magistrature, l’armée, la législation, les arts, l’industrie, le commerce, sur tout enfin, sans en excepter les divers royaumes de l’Europe qu’il assimilera à la France, nous soupçonnons beaucoup que ses récits, quelque pittoresques et bien écrits qu’on les suppose, seront remplis d’une foule d’inexactitudes. Il est probable que son Voyage en Europe, car nous présumons bien qu’il intitulera ainsi son œuvre, ne manquera pas de donner des idées très