Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/65

Cette page n’a pas encore été corrigée

cohésion, qu’il ne soit permis à un œil observateur de reconnaître les divers éléments qui composent ce vaste empire.

Il suit de là qu’il ne suffit pas d’avoir séjourné quelque temps à Macao ou dans les factoreries de Canton pour avoir le droit de juger la nation chinoise. Un missionnaire même, après avoir passé de nombreuses années au sein d’une chrétienté, connaîtra, sans doute, parfaitement le district qui aura été le théâtre de son zèle et de ses travaux ; mais, s’il s’avise de généraliser ses observations et de croire que les mœurs et les habitudes des néophytes qui l’entourent sont identiques avec celles des habitants des dix-huit provinces, il risque fort de se tromper et d’égarer l’opinion publique, eu Europe, au sujet du pays qu’il habite. On comprend, dès lors, combien il est difficile de se faire une idée exacte de la Chine et des Chinois lorsqu’on n’a d’autres ressources que les écrits composés par des voyageurs qui n’ont fait que visiter, en courant, les ports ouverts aux Européens. Ces écrivains sont, assurément, doués de beaucoup d’esprit et d’une imagination féconde, ils savent tourner et arranger leur prose avec un art et un agrément que nous leur envions ; personne ne s’aviserait de suspecter un seul instant, en les lisant, leur bonne foi et leur sincérité ; il leur manque seulement une chose, c’est d’avoir vu le pays et le peuple dont ils parlent.

On peut supposer qu’un citoyen du Céleste Empire, désireux de connaître cette mystérieuse Europe dont il a souvent admiré les produits, se décide un jour à vouloir aller observer chez eux ces peuples extraordinaires qu’il connaît seulement par des récits burlesques et