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pour ignorer les usages les plus vulgaires ? Et les voisins de s’exclamer, de rire aux éclats, et de trouver prodigieux des individus dont la simplicité allait jusqu’à se croire le droit de s’asseoir gratuitement. Les soldats, honteux de passer pour des hommes incivilisés, donnèrent les deux sapèques, en disant, pour s’excuser, que ce n’était pas l’usage dans le Sse-tchouen. Aussitôt qu’ils furent un peu loin, quelques boutiquiers officieux coururent leur dire, pour les consoler, qu’ils étaient bien ingénus de s’être laissé duper de la sorte. Depuis que nous commençâmes à voyager dans la province du Hou-pé, presque tous les jours nous eûmes des scènes à peu près dans le même genre. Au résumé, nous, originaires des mers occidentales, nous nous trouvions presque partout, en Chine, moins étrangers peut-être que les Chinois d’une autre province et peu habitués à voyager.

On s’est fait, en Europe, de bien fausses idées au sujet de la Chine et des Chinois. On en parle toujours comme d’un empire présentant le spectacle d’une remarquable et imposante unité, comme d’un peuple parfaitement homogène, à ce point que voir un Chinois, c’est les connaître tous, et qu’après avoir résidé quelque temps dans n’importe quelle ville chinoise, on peut raisonner pertinemment sur tout ce qui se passe dans ce vaste pays. Il s’en faut bien que les choses soient ainsi. Il y a, sans doute, un certain fond qu’on retrouve partout et qui constitue le type chinois. Ces traits caractéristiques peuvent se remarquer dans la physionomie, le langage, les mœurs, les idées, le costume et certains préjugés nationaux ; mais, dans tout cela, il existe encore des nuances si profondes, des différences si bien tranchées, qu’il est