Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/59

Cette page n’a pas encore été corrigée

dernières sont ordinairement d’une saveur plus délicate que les précédentes.

La pastèque est, en Chine, un fruit de grande importance, surtout à cause de ses graines, pour lesquelles les Chinois sont possédés d’une véritable passion, ou plutôt d’une démangeaison insupportable. On se souvient peut-être de ce vieux mandarin d’honneur dont on nous avait affublés dans la capitale du Sse-tchouen, et qu’on eût dit avoir été créé et mis au monde tout exprès pour éplucher et croquer des graines de melon d’eau. Dans certaines localités, lorsque la récolte des pastèques est abondante, le fruit est sans valeur, et le propriétaire n’y attache de prix qu’en considération des graines. Quelquefois on en transporte des cargaisons sur les chemins les plus fréquentés, et on les donne à dévorer gratuitement aux voyageurs, à la condition qu’ils auront le soin de recueillir les graines et de les mettre de côté pour le propriétaire. Par cette générosité intéressée, on a la gloire, au temps des fortes chaleurs, de rafraîchir et de désaltérer le public ; puis on s’évite la peine de fouiller dans ces mines pour en extraire le trésor qu’elles recèlent dans leurs flancs.

Les graines de pastèques sont, eu effet, un véritable trésor pour amuser et désennuyer à peu de frais les trois cents millions d’habitants de l’empire céleste. Dans les dix-huit provinces, ces déplorables futilités sont pour tout le monde un objet de friandise journalière. Il n’est rien d’amusant comme de voir ces étonnants Chinois s’escrimer, avant leurs repas, après des graines de melons d’eau, pour essayer en quelque sorte la bonne disposition de leur estomac et aiguiser tout doucement