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La marque la plus certaine à laquelle on puisse reconnaître qu’ils n’ont plus longtemps à vivre, c’est qu’ils ne demandent plus leur pipe. Quand les chrétiens venaient nous appeler pour administrer les derniers sacrements, ils ne manquaient pas de nous dire : Le malade ne fume plus ; c’était une formule pour nous indiquer que le danger était pressant, et qu’il n’y avait pas de temps à perdre.

Nous pensons que la mort si paisible des Chinois doit être attribuée d’abord à leur organisation molle et lymphatique, et ensuite à leur manque total d’affection et de sentiment religieux. Les appréhensions d’une vie future et l’amertume des séparations n’existent pas pour des hommes qui n’ont jamais aimé personne profondément, et qui ont passé leur vie sans s’occuper ni de Dieu ni de leur âme. Ils meurent avec calme, c’est vrai ; mais les êtres privés de raison ont aussi le même avantage, et, au fond, cette mort est la plus triste et la plus lamentable qu’on puisse imaginer.

Nous quittâmes enfin cette ville de Kuen-kiang-hien, où nous avions été sur le point de nous arrêter pour toujours ; mais, avant de partir, nous eûmes la curiosité d’aller voir la bière qui nous avait été destinée. Elle était faite de quatre énormes troncs d’arbre, bien rabotés, coloriés en violet, puis recouverts d’une couche de beau vernis. Maître Ting nous demanda comment nous la trouvions. — Superbe, mais franchement nous aimons autant être assis dans notre palanquin que couché là dedans.

Nous reprîmes notre voyage conformément au nouveau programme, c’est-à-dire à la lueur des torches et