Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/50

Cette page n’a pas encore été corrigée

donner réciproquement les plus touchants témoignages d’estime et d’affection ; sans cela ils eussent joui d’une sécurité inaltérable, et notre maladie, notre mort même, eût été incapable de leur apporter le moindre souci.

Après quatre jours de repos à Kuen-kiang-hien, nos forces étant suffisamment revenues, nous songeâmes à continuer notre voyage. Lorsque nous annonçâmes cette heureuse nouvelle au préfet de la ville, bien qu’il fît de généreux efforts pour se maîtriser, il lui fut impossible de comprimer les transports de son allégresse. Son langage était tout embaumé, tout ruisselant de poésie ; il nous souhaita, il nous promit même, pour tous les jours, jusqu’à Macao, une route belle et unie, un temps serein, un ciel toujours bleu ; puis de la fraîcheur et des ombrages à volonté ; un vent favorable et un courant propice sur le fleuve ; enfin il n’oublia rien de ce qui peut rendre un voyage heureux et agréable. Quel bonheur qu’il se soit trouvé sur notre passage, et précisément au moment de notre maladie ! Est-ce qu’il n’aurait pas pu se rencontrer à Kuen-kiang-hien un magistrat indifférent, égoïste, et qui n’eût pas compris toute l’étendue de ses obligations à notre égard ; un magistrat qui n’eût pas su, comme lui, dépenser tout son cœur, nous entourer chaque jour, comme il avait eu le bonheur de le faire, de soins, d’affection et de dévouement ? Et afin de nous bien convaincre de la sincérité de ses sentiments, il nous assura qu’il avait poussé sa sollicitude jusqu’à aller choisir pour nous un magnifique cercueil chez le premier fabricant de Kuen-kiang-hien. Il est incontestable qu’on ne pouvait se montrer plus galant homme ; nous tenir un cercueil tout prêt, en cas de besoin,