Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/49

Cette page n’a pas encore été corrigée

pour faire aller ton commerce… A ces mots, il prend l’enfant, lui plonge un couteau dans le sein, le jette tout sanglant dans la boutique, et se sauve en courant à travers le dédale des rues. L’enfant appartenait à une famille ennemie de cette maison de commerce, qui fut entièrement ruinée, et dont les principaux associés eurent longtemps à souffrir dans les prisons publiques.

Il est probable que des cas de cette nature ne se reproduisent pas fréquemment ; on comprend cependant que la loi chinoise n’atteint pas toujours son but, et qu’au lieu d’éloigner du crime les hommes pervers, elle peut quelquefois les y entraîner.

La crainte des mandarins de Kuen-kiang-hien n’avait pas été, sans doute, jusqu’à leur faire redouter quelqu’une de ces terribles avanies à la chinoise ; mais ils s’étaient imaginé que le gouvernement français s’occuperait, à coup sûr, de notre mort ; qu’il en demanderait compte à leur empereur ; que, par suite, il y aurait des enquêtes, des embarras, des tracasseries de tout genre, que des malveillants pourraient les accuser de négligence ; qu’enfin, ils étaient exposés à être destitués et sévèrement punis. Nous nous gardâmes bien de les détromper et de leur dire que notre gouvernement avait bien autre chose à faire qu’à se préoccuper de nous ; il valait mieux leur laisser cette crainte salutaire ; salutaire, non pas pour eux bien entendu, mais pour les missionnaires qui, dans la suite, pourraient avoir quelque chose à démêler dans leurs tribunaux. Ces mandarins ne savaient pas probablement que l’assassinat juridique de plusieurs missionnaires français, en Chine, n’avait nullement empêché les deux gouvernements de se