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de s’en emparer, nous lui conseillâmes de l’emporter aussitôt et de le placer en lieu sûr. Weichan se mit à l’œuvre avec empressement, prit tout l’argent et partit Depuis nous ne l’avons plus revu.

Le commissaire impérial Ky-yn[1] était encore, à cette époque, vice-roi de la province de Canton. Il nous fit offrir une jonque pour nous conduire le jour même à Macao ; mais, ayant exprimé le désir de nous arrêter quelque temps à Canton, où nous avions des amis européens, nous fûmes conduits, sur notre demande, à la factorerie hollandaise. L’excellent M. van Bazel expédia un reçu au vice-roi, et dès ce moment furent terminées nos relations officielles avec les autorités chinoises.

Deux jours après, nous avions pressé dans nos bras nos confrères et nos anciens amis de Macao. Nous fûmes longtemps au milieu d’eux comme des hommes qui s’éveillent tout à coup après une longue et profonde léthargie. Nous étions tout étonnés de ne plus voir autour de nous des physionomies thibétaines, tartares et chinoises, et de n’entendre plus résonner à nos oreilles que cette belle langue maternelle dont les accents harmonieux faisaient vibrer toutes les fibres de notre âme et nous arrachaient de si douces larmes. La France était encore bien loin ; et pourtant nous l’avions, pour ainsi dire, retrouvée tout entière. Il y avait alors en rade une corvette française, la Victorieuse. Nous aimions à nous rendre sur les bords de la mer pour voir flotter son pavillon ;

  1. C’était le même qui avait reçu l’ambassadeur M. de Lagrenée.