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chinoise. Nous dîmes donc à notre domestique Wei-chan d’apporter tout l’argent que nous avions économisé depuis notre départ de Nan-tchang-fou. Il y en avait un tas si énorme, que les yeux des assistants en devinrent tout flamboyants. — Voilà, dîmes-nous, une somme considérable. D’après les ordres du gouverneur du Kiang-si, toutes les villes par où nous avons passé ont dû payer un impôt pour notre entretien. Notre conscience nous a interdit toute dépense inutile. Maintenant, il faut que cet argent revienne à ceux à qui il appartient. S’il est à vous, dîmes-nous aux fonctionnaires de la ville de Canton, prenez-le. — Ceux-ci protestèrent avec énergie qu’ils n’avaient aucun titre pour accepter cette somme. Les mandarins de l’escorte en firent autant ; chacun étala un désintéressement vraiment exemplaire, et tous déclarèrent, à l’unanimité, que cette somme nous ayant été légalement allouée, elle nous appartenait. Les missionnaires, répondîmes-nous, ne quittent pas leur patrie pour aller amasser des richesses dans les pays étrangers. Votre gouvernement nous ayant forcés de quitter le Thibet et nous ayant fait escorter malgré nous jusqu’à Canton, nous avons dû voyager à ses frais. Aujourd’hui que nous allons sortir de l’empire, nous ne voulons pas en emporter une seule sapèque. Puisque personne ne peut réclamer la propriété de cet argent, nous demandons qu’il soit alloué à notre domestique. Quelqu’un s’oppose-t-il à notre proposition ? — Le conseil ayant applaudi à nos paroles, nous dîmes à Wei-chan que ce petit trésor lui appartenait, et de peur que, plus tard, il ne prît fantaisie aux mandarins