Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/475

Cette page n’a pas encore été corrigée

ont une réputation assez équivoque ; toutes sont richement ornées ; quelques-unes resplendissent de dorures, d’autres sont sculptées avec élégance, dentelées et comme percées à jour, à la façon des boiseries de nos vieilles cathédrales. Toutes ces habitations flottantes, entourées de jolies lanternes, se meuvent et se croisent sans cesse, sans jamais s’embarrasser les unes les autres. C’est vraiment admirable ! On voit bien que c’est une population aquatique, une population qui naît, vit et meurt sur l’eau. Chacun trouve sur la rivière ce qui est nécessaire à sa subsistance. Durant la nuit, je m’amusai longtemps à voir passer et repasser devant notre jonque foule de petites embarcations, qui n’étaient autre chose que des boutiques d’approvisionnement, des bazars en miniature. On y vendait des potages, des poissons frits, du riz, des gâteaux, des fruits, etc. ; enfin, pour compléter cette fantasmagorie, ajoutez le bruit continuel du tam-tam et les détonations incessantes des pétards.

« Le lendemain mercredi, nous partîmes de grand matin, le cœur plein d’espoir. Notre petite barque a nous convenait à ravir ; l’équipage était peu nombreux ; trois jeunes gens nous servaient de matelots, et leur vieille mère, assise au gouvernail, faisait l’office de pilote. Ces jeunes gens nous paraissaient d’une précieuse simplicité, et déjà nous disions tout doucement entre nous : Voilà qui va bien, ces candides matelots n’auront pas la malice de nous soupçonner.

« Le Tigre ne m’a paru offrir sur ses bords rien de bien remarquable. Il serpente et se traîne ordinairement à travers une longue chaîne de montagnes ; et, lorsque son lit peu profond n’est pas strictement encaissé dans de hautes roches taillées à pic, il laisse de côté et d’autre, sur les deux rives, des plaines plus