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habits chinois vinrent compléter la contrefaçon…

« Quand la nuit fut close, nous nous dirigeâmes solennellement vers la jonque qui devait, en remontant la rivière de Canton, nous conduire jusqu’à Nan-hioung, aux confins de la province de Kiang-si. Un grand gaillard de Chinois, monté sur son long système de jambes, ouvrait la marche ; un de nos courriers le suivait de près ; je suivais le courrier et derrière moi venait un séminariste chinois, destiné à la mission de Kiang-si. Nous formions ainsi, à nous quatre, comme un fil conducteur qui devait nous diriger dans ce grand labyrinthe qu’on appelle Canton.

« Cette ville, telle que j’ai pu l’entrevoir, m’a produit l’effet d’un immense guet-apens. Ses rues sont malpropres, étroites, tortueuses et façonnées en tire-bouchon. On dirait qu’il n’est pas vrai pour ses habitants, comme pour tout le monde, que la ligne droite soit le plus court chemin pour aller d’un endroit à un autre. Maintenant, si, dans toutes ces rues capricieuses, si, à la face de toutes ces maisons bizarrement découpées, vous jetez avec profusion de petites lanternes et des lanternes monstres, des lanternes de toutes les formes, ornées de caractères chinois de toutes les couleurs, vous aurez une idée de Canton vu à la hâte à la lueur des fallots.

« Parmi cette immense population qui sillonnait en tout sens ces rues nombreuses, notre grande affaire, à nous, était de ne pas nous perdre mutuellement de vue et de ne pas rompre la chaîne qui nous conduisait ; elle fut brisée ! Au détour d’une ruelle obscure, le courrier échelonné devant moi ne vit plus le Chinois qui ouvrait la