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l’eau et passant leur temps à fumer et à éplucher des graines de citrouille. Ceux qui veulent faire des économies dorment presque continuellement, le jour aussi bien que la nuit. Rien ne les trouble, ni la chaleur, ni la fumée du tabac et de l’opium, ni les conversations bruyantes qui ne cessent de résonner à leurs oreilles.

Dans le Nord, les systèmes de locomotion sont très fatigants et peut-être moins ennuyeux, Les gens de la classe aisée vont en palanquin ou en chariot ; les autres à pied. Plusieurs montent des mulets, des chevaux, des ânes, ou se font traîner sur des brouettes. Les voitures chinoises ne sont pas suspendues, et on n’y trouve jamais de siège. Il faut s’y tenir assis, les jambes croisées, à la façon des tailleurs. Comme les routes sont remplies d’affreuses inégalités, les cahots deviennent perpétuels, et les pauvres voyageurs ne cessent d’être dans un danger imminent de se fracasser la tête. Les plus prudents ont l’habitude de garnir de coussinets les parois de la voiture pour amortir les coups qu’on se donne sans cesse à droite et à gauche. On verse très-souvent, et c’est peut-être la raison pour laquelle les Chinois ont fait tant de progrès dans l’art si difficile de raccommoder les membres fracturés. Il serait bien plus simple de mieux arranger les chemins, et de fabriquer les véhicules de manière à leur procurer des allures moins brusques et moins saccadées.

Les routes les plus fréquentées des provinces du Nord sont pourvues de nombreuses hôtelleries, qu’il ne faut pas toujours juger d’après l’étiquette. À ne voir que les pompeuses enseignes dont elles sont ornées, on serait persuadé qu’on arrive dans le séjour des hommes les