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qui, dans le pays, est le comble de la magnificence. Pour la navigation des fleuves, on ne saurait rien imaginer de plus commode et de plus élégant que la jonque mandarine dont le préfet de Nan-tchang-fou avait fait choix. Durant notre séjour en Chine, accoutumés à voyager sur des barques marchandes et de transport, nous ne soupçonnions pas les Chinois de distinction capables de s’arranger des jonques pourvues de tant d’agréments.

La rivière que nous avions à remonter n’était pas très rapide. Cependant, quand le vent manquait, ou s’il était contraire, il fallait aller à force de rames. C’est ce qui arriva le premier jour. Le capitaine, qui sans doute avait reçu des instructions très-détaillées au sujet de ce voyage, vint nous demander si nous étions bien à bord, si les mouvements de son ignoble jonque ne nous incommodaient pas. — Nous sommes à ravir ; ton merveilleux navire est pour nous un séjour de délices. — Cependant je m’aperçois que l’agitation est très grande sur l’arrière… ; et puis les matelots font beaucoup de bruit avec leurs rames. Il y a moyen de remédier à ces inconvénients : je vais y pourvoir. À ces mots, le capitaine exécuta une profonde salutation, et s’en retourna vers son équipage.

Quelques instants après nous n’entendîmes plus le bruit des rames, et la jonque nous parut dans une immobilité complète. Nous regardâmes par une de nos fenêtres, et nous vîmes fuir avec assez de rapidité les arbres dont étaient bordés les rivages du fleuve. Nous allions comme par enchantement. La chaloupe avait été mise à l’eau, et, par le moyen d’un long câble en