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s’est peut-être formé une idée peu favorable de la médecine chinoise. Notre devoir était de raconter avec franchise et liberté ce que nous savions ; cependant nous ne voudrions pas lui avoir porté quelque préjudice dans l’opinion publique ; car il ne serait pas impossible que ce fût à elle, après Dieu, que nous soyons redevable de la vie.

Aussitôt que notre guérison fut bien constatée, les mandarins civils et militaires de Kuen-kiang-hien s’empressèrent de nous rendre visite en grande tenue et de nous féliciter des faveurs que le ciel et la terre venaient de nous accorder. Ils nous exprimèrent de la manière la plus vive combien ils étaient heureux de nous voir hors de danger et sur le point de rentrer en possession de notre précieuse et brillante santé. Cette fois nous fûmes persuadés que les paroles des mandarins étaient pleines de sincérité et qu’elles étaient l’expression vraie de leurs sentiments. C’est que notre rétablissement les déchargeait d’une effrayante responsabilité ; ils avaient dû être en proie à de bien vives inquiétudes, pendant que nous les menacions de mourir sous leur juridiction, non pas qu’ils eussent la bonhomie d’attacher quelque prix à notre existence ; mais ils ne pouvaient douter que notre mort serait pour eux une source d’embarras inextricables.

Il existe, en Chine, une responsabilité terrible à l’égard des cadavres. Lorsqu’un individu meurt dans sa famille, il n’y a pas de difficulté ; les parents en répondent, et personne n’a le droit d’élever des doutes ou des soupçons sur les causes de sa mort ; mais, s’il perd la vie hors de chez lui, la loi veut que le propriétaire de