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es. On dirait une mosaïque, du travail le plus exquis et le plus délicat. Ces secrets de fabrication et une foule d’autres ont été perdus. On dirait même, chose étonnante, en lisant les annales de la Chine, que l’art tout entier s’est perdu jusqu’à quatre ou cinq fois à la suite des révolutions profondes et des grands bouleversements dont l’empire a été si souvent le théâtre. Cette industrie si précieuse a dû, ensuite, être inventée de nouveau, recommencer ses progrès passés, sans pouvoir toujours parvenir à la même perfection.

Il existe, en Chine, une classe d’amateurs qui recherchent avec avidité les porcelaines antiques et les vieux bronzes auxquels on donne le nom de kou-toung[1]. On les estime comme œuvre d’art, mais surtout à cause de cette valeur mystérieuse qui s’attache toujours aux choses des siècles passés. Les ouvriers chinois ont tant de scélératesse dans l’esprit, qu’ils parviennent souvent à imiter les kou-toung de manière à tromper l’œil le mieux exercé. Plusieurs antiquaires étalent dans leur cabinet, avec la meilleure foi du monde, certains prétendus vieux vases n’ayant tout au plus que quelques mois de date. Les falsificateurs de kou-toung emploient ordinairement une pierre roussâtre dont ils font la pâte de leurs vases ; lorsqu’ils sont cuits, on les jette dans un bouillon très-gras, ou on leur fait subir une seconde cuisson ; ensuite on les enterre dans un égout, d’où ils sont exhumés après quarante ou cinquante jours. C’est ainsi qu’on fait les vieilles porcelaines de la dynastie des Yuen.

Les fabricants de porcelaine ont un patron, dont

  1. Vieux vase.