Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/441

Cette page n’a pas encore été corrigée


La première fabrique de porcelaines est à King-te-tching, à l’est du Pou-yang, sur les bords d’une grande rivière qui se jette dans le lac. King-te-tching n’est pas une ville à proprement parler, c’est-à-dire qu’elle n’est pas entourée de murailles. Cependant elle compte plus d’un million d’habitants, presque tous occupés de la fabrication ou du commerce de la porcelaine. Il règne, au milieu de ces nombreux établissements, une activité et une agitation difficiles à décrire. À chaque instant du jour on voit s’élever d’épais tourbillons de fumée et des colonnes de flammes qui donnent à King-te-tching un aspect tout particulier. Pendant la nuit, la ville paraît tout en feu ; on dirait qu’un immense incendie la dévore. Plus de cinq cents fabriques particulières et des milliers de fourneaux sont perpétuellement occupés à élaborer cette quantité prodigieuse de vases qu’on expédie ensuite dans toutes les provinces de la Chine, et on peut dire dans le monde entier.

Pour la fabrication de la porcelaine, comme dans toutes les industries chinoises, le travail est divisé à l’infini. Chaque ouvrier a sa spécialité, son talent particulier. L’un dessine une fleur, l’autre dessine un oiseau ; celui-ci applique la couleur bleue et l’autre la rouge. On a remarqué qu’un vase de porcelaine, lorsqu’il est terminé et propre à être livré au commerce, a déjà passé par les mains de plus de cinquante ouvriers différents.

Le P. d’Entrecolles, qui, au commencement du dix-huitième siècle, était chargé de la mission du Kiang-si, et avait ainsi l’occasion de visiter souvent King-te-tching, où un assez grand nombre d’ouvriers avaient