Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/438

Cette page n’a pas encore été corrigée

au lieu d’enseigner le catéchisme à leurs néophytes, avaient commencé par mettre entre leurs mains un traité sur la grâce avec des dissertations sur l’hérésie janséniste.

Ceci tient à une fausse idée qu’on s’est faite, en Europe, des habitants du Céleste Empire. Sous prétexte qu’ils ont su calculer les éclipses, et que les jésuites astronomes ont joui d’une grande faveur à la cour, sous les premiers empereurs de la dynastie tartare mantchoue, on en a conclu que les Chinois étaient passionnés pour les sciences astronomiques, et qu’en arrivant en Chine on avait affaire à trois cents millions d’Aragos, plus ou moins occupés d’étoiles et de planètes. Et, cependant, s’il est au monde un peuple absorbé par les affaires de la terre, et qui se mette peu en peine de ce qui peut se passer là-haut parmi les sphères célestes, c’est assurément le peuple chinois. Les plus érudits savent tout juste qu’il existe une astronomie ou, comme ils disent, tien-wen, « une littérature céleste. » Mais ils ne connaissent pas les premiers éléments de la science, et ceux pour lesquels une éclipse est un phénomène naturel, et non pas un dragon qui cherche à dévorer le soleil ou la lune, sont déjà très-avancés. Si les missionnaires astronomes ont exercé autrefois tant d’influence à la cour et joui d’une si grande célébrité, c’est une preuve que les astronomes du gouvernement n’étaient pas eux-mêmes très-forts. Ils ne pouvaient réussir à faire un bon calendrier, lorsque les Jésuites arrivèrent fort heureusement pour les tirer d’embarras. Depuis que les derniers ont été expulsés de Péking, les membres du tribunal des mathématiques sont retombés