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ne plus penser à cela ; parlons d’autre chose… Et la conversation s’engagea immédiatement sur des sujets moins compromettants. Nous parlâmes de nos voyages, de la Chine, des pays occidentaux, un peu enfin de tous les peuples du globe. Le préfet fut très-aimable ; il ne nous dit plus un seul mot ayant rapport au déménagement, ce qui lui valut d’être reconduit par nous, à travers tous les compartiments du palais des compositions littéraires, jusqu’à la première porte d’entrée.

Notre position se trouva ainsi toute faite à Nan-tchang-fou ; il n’y avait plus qu’à en profiter pour bien organiser ce qui nous restait encore à faire de chemin pour aller jusqu’à Canton. Le lendemain et les jours suivants que nous passâmes dans la capitale du Kiang-si, nous vîmes plusieurs mandarins et les chefs des lettrés, dont nous occupions le palais. Tout le monde fut plein de bienveillance, et personne n’eut l’inurbanité de nous chercher querelle au sujet de notre installation dans le wen-tchang-koun. On se contenta seulement de s’amuser un peu, d’une manière très-gracieuse, de la prestesse de nos allures quand il fallait se tirer d’embarras, et du joli sans-façon avec lequel nous savions nous fabriquer un billet de logement.

Parmi les nombreux visiteurs que nous reçûmes à Nan-tchang-fou, il y en eut un qui nous intéressa vivement par ses manières brusques, presque sauvages, et qui n’avaient rien de cette courtoisie souple et un peu équivoque des Chinois. Nous étions dans notre galerie, assis sur des sièges en porcelaine, et uniquement occupés à regarder les passants et à respirer la fraîche brise que nous envoyait le voisinage de la rivière, lorsqu’un