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familles[1], qui sont là réunies, seront bien aises de voir… Ne demandant pas mieux que d’être agréables aux Cent familles, surtout quand elles se tenaient à une distance respectueuse, il fut résolu que nous souperions en plein air.

On apporta une brillante table en laque, qu’on plaça au milieu de la galerie. Lorsqu’on vit le maître d’hôtel disposer sur la table les nombreux petits plats de friandises par où commencent les repas chinois, il se produisit, parmi la foule qui encombrait le quai, une longue agitation et un sourd murmure, qui semblaient exprimer le bonheur qu’on se promettait par avance, en voyant de quelle façon mangeaient les diables occidentaux. On s’attendait à des choses prodigieusement curieuses. Des hommes de par delà les mers, et d’une physionomie si singulière, devaient essentiellement avoir des manières de boire et de manger, tout à fait inconnues aux peuples de la nation centrale. Notre prière avant le repas, et surtout deux signes de croix largement dessinés, durent, en effet, leur promettre des particularités du plus vif intérêt. Parmi ces innombrables spectateurs, quelques-uns durent probablement comprendre ces signes de croix, car, à Nan-tchang-fou, il y a des chrétiens, mais la majorité dut trouver passablement extraordinaire cette façon de se disposer à souper. On s’attendait donc à des révélations plus ou moins intimes des mœurs européennes.

Wei-chan nous apporta le vin de riz tout fumant dans une urne d’étain ; il nous en versa dans de toutes

  1. Expression par laquelle on désigne le peuple.