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que des personnages exotiques venaient d’aborder dans la capitale du Kiang-si. Les délibérations de nos hommes d’affaires se prolongeant outre mesure, nous sortîmes de nos loges pour aller leur demander ce qu’ils avaient tant à causer, pendant que nous étions à attendre au milieu de la rue. Les mandarins de la capitale n’étaient pas encore fixés sur l’endroit où il fallait nous loger, et ils prenaient en conséquence des informations auprès du Saule pleureur, qui assurément avait trop peu d’initiative pour les tirer d’embarras. Les passants avaient déjà remarqué l’étrangeté de notre costume, la ceinture rouge et le magique bonnet jaune ; et bientôt une foule immense se pressa autour de nous. — Voyez, dîmes-nous aux fonctionnaires de Nan-tchang-fou, voilà le petit peuple qui accourt de toute part et s’amoncelle sur le quai. Est-il convenable que nous soyons encore sans savoir où nous irons loger ?

Les mandarins, déjà ahuris par les flots de la multitude, ne savaient plus où donner de la tête. Notre domestique Wei-chan s’approcha de nous, et nous fit remarquer un grand et magnifique édifice. C’était un wen-tchang-koun, ou « palais des compositions littéraires. » Nous avions déjà logé une fois, pendant notre voyage, dans un de ces établissements destinés à la corporation des lettrés, et nous nous souvenions que le séjour en avait été très-agréable. Nous n’eûmes pas à délibérer longuement ; le parti fut tout de suite pris d’aller nous y installer. Pour réussir dans l’entreprise, il ne fallait qu’un peu d’aplomb. Nous retournâmes à nos palanquins, et nous dîmes aux porteurs, du ton le plus impératif qu’il nous fut possible de prendre : Au wen-tchang-koun ! —