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seau rempli d’eau glaciale. Le globule blanc nous donna de son vinaigre merveilleux, et, à l’aide d’un peu de cassonade, nous composâmes une boisson exquise. Les Chinois nous regardaient boire avec étonnement. Comme ces nombreuses et abondantes libations, au lieu de provoquer des coliques, ne servaient qu’à nous épanouir, ils en concluaient que les Occidentaux avaient une organisation différente de celle des hommes de la nation centrale.

Le tsou-no-dze est un être qui, à raison de sa bizarre propriété de fabriquer d’excellent vinaigre, mérite une mention particulière. Ce polype est un monstrueux assemblage de membranes charnues et gluantes, de tubes et d’une foule d’appendices informes qui lui donnent un aspect hideux et repoussant ; on dirait une masse inerte et morte. Cependant, quand on la touche, elle se contracte ou se dilate, et se donne des formes diverses. C’est un animal vivant, dont la structure et l’existence ne sont pas plus connues que celles des autres polypes. Le tsou-no-dze a été découvert dans la mer Jaune, et les Chinois le pèchent sur les côtes du Leao-tong ; mais on n’en prend qu’un petit nombre. Peut-être sont-ils plus abondants ailleurs, où l’on néglige de les prendre faute de connaître leur propriété.

On place ce polype dans un grand vase rempli d’eau douce à laquelle on ajoute quelques verres d’eau-de-vie. Après vingt ou trente jours, ce liquide se trouve transformé en excellent vinaigre, sans qu’il soit besoin de lui faire subir aucune manipulation, ni d’y ajouter le moindre ingrédient. Ce vinaigre est clair comme de l’eau de roche, d’une grande force et d’un goût très-agréable.