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averti, à certains signes, du passage de ces tombereaux, et ceux qui ont des enfants morts ou vivants à leur livrer les remettent au conducteur. Les morts sont ensuite déposés en commun dans une fosse, et on les recouvre de chaux vive. Les vivants sont portés dans un asile nommé Yu-yng-tang, « temple des nouveau-nés. » Les nourrices et l’administration sont aux frais de l’État. Dans toutes les villes importantes, il y a des hospices pour recueillir les petits enfants abandonnés.

Bien des gens, en Europe, se sont persuadé que la nation chinoise tout entière était parvenue à un tel degré d’abrutissement et de barbarie, que le crime d’infanticide s’y trouvait toléré par le gouvernement et l’opinion publique. Il n’en est pas ainsi : le meurtre des enfants y est regardé comme un crime, et les magistrats n’ont jamais cessé d’élever leur voix contre ces horribles abus de l’autorité paternelle. Qu’on en juge par l’édit suivant, qui fut affiché dans la province de Canton vers la fin de l’année 1848.


ÉDIT CONTRE L’INFANTICIDE.


« Le juge criminel de la province de Kouang-toung défend strictement l’abandon des petites filles, pour abolir cette détestable coutume et pour faire remplir les devoirs de la vie.

« J’ai appris que, dans Canton et les faubourgs, on avait l’abominable coutume d’abandonner les petites filles. Dans quelques cas, c’est parce que la famille est pauvre et qu’on ne peut subvenir à l’entretien de nombreux enfants ; dans d’autres cas, les parents