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fréquemment, le long des routes et des sentiers, sur les fleuves, les lacs et les canaux, des cadavres de petits enfants qui deviennent la pâture des animaux immondes. Nous avons la conviction intime que ces récits sont de la plus parfaite exactitude ; cependant il ne faudrait pas croire que la chose est tellement commune et générale, qu’il suffise d’aller faire, au hasard, une promenade pour rencontrer immédiatement sous ses pas quelque enfant dévoré par des chiens ou des pourceaux ; on se tromperait peut-être grandement. Pendant plus de dix ans, nous avons parcouru l’empire chinois dans presque toutes ses provinces, et nous devons déclarer, pour rendre hommage à la vérité, que nous n’avons jamais aperçu un seul cadavre d’enfant. Et nous pourrions ajouter que, durant nos nombreux voyages en Chine, par terre et par eau, nous n’étions nullement dans l’habitude d’aller les yeux continuellement baissés. Toutefois, nous le répétons, nous avons la certitude qu’on peut en rencontrer très-souvent. Il nous semble même difficile qu’il en soit autrement ; voici pourquoi.

En Chine, il n’existe pas, comme en Europe, de cimetière commun. Chaque famille enterre ses morts sur son terrain propre, d’où il résulte qu’une sépulture est ordinairement très-coûteuse, et que les personnes peu aisées sont souvent très-embarrassées pour rendre les honneurs funèbres à leurs proches. Quand il s’agit d’un père ou d’une mère, on fait tous les sacrifices imaginables, afin de leur donner un cercueil et de les ensevelir convenablement. À l’égard des enfants morts, on n’y attache pas la même importance ; et les parents