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le disais plus haut, que nous ne pouvons presque jamais aborder ces petites victimes et les munir au moins de la grâce du baptême. Tout se passe dans le conseil secret du père et de la mère ; c’est comme un privilège de férocité dont ils se réservent exclusivement le spectacle.

« Puisque nous en sommes sur cet article, je vais vous dévoiler un autre genre d’horreurs ; je dis dévoiler, car c’est peut-être encore du nouveau. Il faut s’être trouvé dans la situation où j’ai été moi-même, pour en avoir connaissance.

« Un homme, d’une famille aisée, mais païenne bien entendu, avait eu pour premier enfant, une fille, pour deuxième enfant encore une fille. Il voulut savoir s’il aurait bientôt un garçon ; savez-vous ce qu’il fit ? Il prit un tcha-dze (c’est une espèce de couperet qui sert à couper en menu la paille des animaux) ; le tcha-dze bien fixé, notre homme couche à terre sa seconde fille, ajuste son petit cou sous la lame de l’instrument, et pèse de toute sa force, examinant avec bien de l’attention comment coule le sang ; car c’est de là que dépend l’heureux ou le funeste présage. Si le sang coule mollement le long du tcha-dze, c’est une preuve qu’il n’a encore aucune vertu. En conséquence, on ne peut attendre que des filles. Si, au contraire, le sang bouillonne un peu, si surtout il en jaillit quelques gouttes jusqu’aux genoux de l’enfant, oh ! pour le coup, on est sûr d’obtenir un garçon ; la force vitale se déploie. Voilà encore un usage établi par celui qui a été appelé homicide dès le commencement. Ô païens, vrais enfants du démon, qui s’enivrent