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qui, pendant plusieurs heures, demeura flottant et se balançant dans les airs. Les Chinois, comme dans toutes les apparitions des grands phénomènes de la nature, furent saisis d’épouvante et cherchèrent dans les opérations superstitieuses des bonzes les moyens d’écarter le mal qui les menaçait. On brûla une quantité prodigieuse de papier magique, qu’on jetait tout enflammé à la mer ; on improvisa de longues processions où l’on portait l’image du Grand Dragon, car on attribuait ces sinistres présages à la colère de cet être fabuleux. Enfin on ne vint à la dernière et suprême ressource des Chinois en pareille circonstance ; on exécuta un charivari monstre le long des côtes de la mer. Hommes, femmes, enfants, tous frappaient à coups redoublés sur l’instrument capable de produire le bruit le plus sonore, le plus retentissant ; les tam-tam, les vases de cuisine, les objets métalliques étaient choisis de préférence. Les cris les plus sauvages d’une innombrable multitude venaient encore ajouter à l’horreur de ce vacarme infernal. Nous avons été témoin une fois d’une semblable manifestation dans une des plus grandes villes du Midi, où tous les habitants, sans exception, enfermés dans leur maison, frappaient avec frénésie sur des instruments de métal et s’abandonnaient à des vociférations inouïes. On ne saurait imaginer rien de plus effroyable que cet immense et monstrueux tumulte s’élevant du sein d’une grande cité.

Pendant que les habitants du Chan-tong cherchaient à conjurer ce malheur inconnu, mais que tout le monde pressentait, un vent violent qui souffla tout à coup fit rouler et tourbillonner le nuage, et parvint à le diviser