tout ce qui provient des idées superstitieuses. Quoi qu’il en soit, acceptez ce que je vous dis comme venant d’un témoin oculaire, et appliquez-le seulement aux cantons de Ho-nan, où je l’ai constaté ; car je ne prétends rien affirmer pour toute la Chine, où chaque province a sa langue, ses coutumes et ses superstitions propres.
« Les Chinois dont je parle, c’est-à-dire à peu près tous les païens de Ho-nan, croient à la métempsycose. D’après leurs idées, chaque homme a trois houen. Qu’est-ce que le houen ? Question difficile à résoudre. Si vous voulez, houen sera quelque chose de vague, comme « esprit, génie, vitalité. » Chaque individu a donc trois houen. À la mort de leur possesseur, un de ces houen transmigre dans un corps, un autre reste dans la famille ; c’est comme le houen domestique. Enfin le troisième repose sur la tombe. À ce dernier, on brûle des papiers (sorte de sacrifice). Au houen domestique, qui siège sur la tablette, au milieu des caractères qui y sont gravés, on brûle des hiang, « bâtons d’odeur », on offre des repas funèbres, etc. Ces honneurs rendus, on est tranquille, les houen sont apaisés : qu’y a-t-il à craindre ?
« Telles sont les mesures à prendre et les mesures prises à l’égard des houen de ceux ou de celles qui meurent dans l’âge mûr. Quant aux enfants, que faire ? L’usage ne permet pas de leur élever des tablettes, ni de leur rendre un culte quelconque, parce que leur houen n’est pas censé parfait. Bien qu’inachevé, cependant il existe, et, à son état d’ébauche, il est encore plus redoutable que celui des hommes accomplis.