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est obligé de vider une coupe d’eau-de-vie. Ils sont également passionnés pour les combats de coqs, de cailles, de grillons et de sauterelles. Ces divertissements occasionnent toujours des paris, qui sont souvent considérables. Les joueurs d’habitude ont une préférence marquée pour les cartes et les dés. Ils se réunissent dans les maisons particulières et dans les établissements publics, assez semblables à nos cafés, à la seule différence que c’est du thé qu’on y boit. C’est là qu’ils passent les jours et les nuits, jouant avec tant de passion, qu’ils se donnent à peine le soin de prendre un peu de nourriture. Il n’est pas de village et de hameau qui n’ait sa maison de jeu et ses joueurs de profession.

Les Chinois, nous l’avons déjà dit, sont économes, laborieux ; mais leur cupidité, leur amour effréné du lucre, et leur goût si prononcé pour l’agiotage et les spéculations, les poussent facilement dans la passion du jeu, quand ils ne se lancent pas dans le négoce. Les émotions aléatoires sont celles qu’ils recherchent avec le plus d’avidité, et, une fois qu’ils s’y sont abandonnés, ils en reviennent difficilement. Ils mettent de côté les obligations de leur état, leurs devoirs de famille, pour ne plus vivre qu’avec les dés ou les cartes. Cette malheureuse passion prend sur eux un tel empire, qu’ils en viennent quelquefois jusqu’aux extrémités les plus révoltantes. Quand ils ont perdu leur argent, ils jouent leur maison, leur champ, et enfin leur femme, dont la destinée dépend d’un simple coup de dé. Le joueur chinois ne s’arrête pas encore là. Les habits dont il est revêtu servent à intéresser une partie de plus, et cette horrible coutume de tout jouer, sans exception, même les habits