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infinité de trous, par où les dormeurs puissent passer la tête et ne pas s’asphyxier. Aussitôt que le jour paraît, on hisse la couverture phalanstérienne ; mais auparavant on a la précaution de donner un signal à coups de tam-tam pour réveiller ceux qui dorment trop profondément, et les inviter à cacher leur tête dans la plume, de peur d’être pris comme au carcan et enlevés en l’air avec la couverture. On voit alors cette immense nichée de mendiants grouiller et patauger au milieu des flots de ce duvet immonde, s’affubler promptement de leurs misérables haillons, et se répandre ensuite par nombreuses bandes dans les quartiers de la ville, pour y chercher d’une manière plus ou moins licite leurs moyens d’existence.

Parmi les principales causes du paupérisme en Chine, on peut citer, outre l’incurie profonde du gouvernement et l’exubérance de la population, le jeu, l’ivrognerie et la débauche. Nous savons bien que ces vices ne sont pas particuliers à la Chine, et que, dans tous les pays et à toutes les époques, on a pu remarquer les désordres et les misères qu’ils ont toujours traînés à leur suite. Il est vrai de dire pourtant que les Chinois s’y livrent avec un emportement qui n’a jamais été, peut-être, surpassé par aucun peuple.

Le jeu est défendu par les lois de l’empire ; mais la législation a été tellement débordée par les mœurs publiques, qu’aujourd’hui la Chine ressemble assez à un immense tripot. Les jeux auxquels se livrent les Chinois sont extrêmement multipliés. Ils jouent aux cartes, aux dés, aux échecs, aux dames, au tseï-meï, espèce de jeu analogue à la mourre des Italiens. Celui qui perd