Page:Evariste Huc - Empire chinois ed 5 vol 2.djvu/38

Cette page n’a pas encore été corrigée

malheureux dont les ossements étaient rompus et quelquefois broyés. L’opération réussissait toujours si bien que les malades venaient eux-mêmes remercier cet homme, dans la chambre qu’il occupait à côté de la nôtre. Devant de pareils résultats, nous n’avons jamais eu envie de rire, en pensant que l’emplâtre employé pour favoriser la soudure des ossements était fabriqué avec des cloportes, du poivre blanc et une poule pilée toute vivante.

En 1840, nous avions, dans notre séminaire de Macao, un jeune Chinois qu’on allait renvoyer dans sa famille, parce qu’une surdité complète, dont il avait été atteint depuis quelques mois, ne lui permettait pas de continuer ses études. Plusieurs médecins chinois, portugais, anglais et français, avaient essayé vainement de le guérir de cette infirmité. Les docteurs expliquèrent en termes techniques le mécanisme de l’ouïe ; ils en dirent des choses merveilleuses et qui faisaient le plus grand honneur à leur profonde science ; mais leurs traitements se trouvèrent infructueux, et le malade fut déclaré incurable. Heureusement nous avions dans la maison un chrétien tout récemment arrivé de notre mission des environs de Péking. Il n’était ni médecin, ni savant, ni lettré ; c’était tout bonnement un très-pauvre cultivateur. Il se souvint que les paysans de son pays se servaient avec succès d’une certaine plante pour guérir la surdité. A force de chercher aux environs de Macao, il eut le bonheur de trouver cette herbe salutaire. Il exprima le suc de quelques feuilles dans les oreilles du malade, qui rendirent aussitôt une quantité prodigieuse d’humeur, et, dans deux jours, la guérison fut complète ; ce