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voyez… En disant cela, il nous montrait l’œil du chat dont il écartait les paupières avec ses deux mains. Nous regardâmes d’abord l’enfant, il était d’un sérieux admirable ; puis le chat qui, quoique étonné et peu satisfait de l’expérience qu’on faisait sur son œil, était néanmoins d’une complaisance exemplaire. — C’est bien, dîmes-nous à l’enfant ; il n’est pas encore midi, merci. Le jeune Chinois lâcha le chat, qui se sauva au grand galop, et nous continuâmes notre route.

Pour dire vrai, nous n’avions pas compris grand-chose à cette nouvelle méthode de connaître les heures ; mais nous ne voulûmes pas questionner ce petit païen, de peur que, à notre ignorance, il ne s’avisât de soupçonner que nous étions Européens. Aussitôt que nous fûmes arrivés dans une maison de chrétiens, nous n’eûmes rien de plus pressé que de leur demander s’ils savaient voir l’heure qu’il était dans les yeux des chats. Ils ne s’attendaient guère à une semblable question. Aussi furent-ils un peu déconcertés ; nous insistâmes, et, comme il n’y avait aucun danger à craindre, en leur avouant notre profonde ignorance sur les propriétés de l’œil du chat, nous leur racontâmes ce qui nous était arrivé, en route, tout près de la ferme d’un païen. Il n’en fallut pas davantage ; nos complaisants néophytes se mirent aussitôt à donner la chasse à tous les chats du voisinage. Ils nous en apportèrent trois ou quatre, et nous expliquèrent de quelle manière on pouvait se servir avantageusement d’un chat en guise de montre. Ils nous firent voir que la prunelle de son œil allait se rétrécissant à mesure qu’on avançait vers midi ; qu’à midi juste elle était comme un